Vladimirov – Le Bluff Soviétique dans la Course à l’Espace II

Vous pensiez que c’est Edison qui a inventé la lampe à incandescence ? Rien de tel – Yablochkov l’inventa en Russie longtemps avant Edison ? De plus, le premier aéroplane ne fut pas construit par les frères Wright mais par un ingénieur militaire russe du nom de Mozhaisky. Quid de la radio ; qui l’a inventée ? Marconi peut-être ? Pas du tout – elle a été inventée par Popov.

Les gens acceptaient sans problème l’idée selon laquelle la première locomotive fut construite par un métallurgiste de l’Altaï du nom de Polzunov.

(J’oublie de dire que le bateau à vapeur n’a pas été inventé par Fulton mais par Kulibin.) p.69-70

Et exactement un mois après son premier succès dans l’espace, le 3 novembre [1957], Koryolov lança un second Spoutnik avec la chienne Laïka à son bord. Le choc causé par ce lancement n’était pas tellement dû à Laïka elle-même (bien que le monde entier pleura pour la pauvre chienne qui avait ainsi été condamnée à mourir dans l’espace) mais au poids de ce second Spoutnik – 508,3 kg, comparé aux 83,6 kg du premier. Il semble qu’en seulement un mois l’Union Soviétique ait réussi à construire une fusée six fois plus puissante que la première. [Les passages en gras sont de mon fait. NdT]

La seconde fusée était en réalité exactement la même que la première. La seule différence était que dans la seconde l’intégralité du second étage qui devait aller en orbite fut décrite comme le ‘Spoutnik.’ En fait le second étage était aussi allé en orbite lors du premier lancement, mais il ne fut pas alors considéré comme faisant partie du Spoutnik. p.73

En 1958, une vieille usine d’avions à Moscou fut remise à Koryolov. Cette usine, située près de la station de trains biélorusse, n’était plus capable de produire des avions depuis longtemps, parce qu’elle était entouré de tous côtés par des habitations. …[Koryolov] la transforma en un centre destiné à mettre au point des méthodes pour maintenir la vie dans l’espace. Un ingénieur du nom de Voronin fut nommé à la tête de ce centre, et la tâche que Koryolov lui confia était très simple : de faire en sorte que tout soit prêt, du temps qu’il devienne possible de lancer un satellite habité d’un humain dans l’espace, pour garder cette personne en vie. Pendant pratiquement deux ans l’équipe de Voronin ne fit rien d’autre que d’étudier les publications américaines sur les patentes et sujets connexes pertinents. p.75

Sur 40 satellites lancés depuis la Terre au cours des trois premières années de « l’ère spatiale, » huit étaient soviétiques et 32 américains. Parmi les satellites américains on en trouvait beaucoup à soi-disant « longue vie, » qui étaient destinés à tourner autour de la Terre pendant 150, 300, ou même 1.000 ans [sans système de propulsion ?!? NdT]. Il n’y en avait aucun de ce type parmi les huit satellites soviétiques. Le premier Spoutnik soviétique à longue vie (devant rester en orbite 200 ans) ne fut pas lancé avant 1964, longtemps après les premiers vols habités. On aurait pu penser que les différents accomplissements étaient tranchés. Cependant, l’illusion du leadership soviétique dans l’espace continua à être acceptée comme si rien ne s’était produit. L’illusion fut maintenue grâce à la même méthode éprouvée : les Russes continuaient à anticiper chaque défi annoncée à l’avance par les Américains. [Comme c’est pratique – et gentil de leur part !! NdT].

En 1958 par exemple, les Américains annoncèrent leur intention de lancer Pioneer 4 en orbite héliocentrique. La mission fut un succès – Pioneer fut lancée le 3 mars 1959. Mais les Américains n’acquirent pas le leadership spatial pour autant, parce que deux mois auparavant, en janvier 1959, la sonde Luna I soviétique fut mise en orbite héliocentrique. Il ne semble pas peser dans la balance que Pioneer ait transmis beaucoup plus d’informations télémétriques intéressantes, alors que Luna I ne transmit presque rien du tout ; le fait d’avoir été les premiers à effectuer un tel lancement semblait être beaucoup plus important. p.76-77

[Koryolov] décida que le pilote de la capsule spatiale devrait se catapulter hors de la cabine avant que celle-ci atterrisse au sol et finirait ainsi sa descente avec son propre parachute. [La capsule était trop lourde pour être freinée par des parachutes seuls, NdT.] p.82

Les essais [pour le premier vol habité] furent organisés en sorte de simuler les conditions d’un vol spatial réel. À une altitude d’environ 10.000 m, une capsule hermétiquement fermée fut larguée d’un avion-cargo militaire. À l’intérieur se trouvait un parachutiste habillé exactement comme le futur cosmonaute. Après une chute libre de 3.000 m, la capsule atteignait en gros la même vitesse verticale que celle d’une véritable capsule spatiale en ré-entrée. À une altitude de 7.000 m les écrous fermant l’écoutille sautaient automatiquement. Une seconde plus tard un système de catapulte entrait en jeu et éjectait le parachutiste avec son siège. Ensuite un petit parachute de traîne s’ouvrait, suivi par un plus gros, stabilisateur, et à une altitude d’environ 4 km le parachute principal s’ouvrait en même temps que le siège se détachait du parachutiste, celui-ci terminant sa course de la manière habituelle. [C’est ce qui a été fait pour simuler les ‘vrais’ vols spatiaux de Gagarin et autres. NdT] p.89

Kroshkin [~chef de la propagande pour les affaires spatiales] avait reçu des instructions pour ne pas révéler lors de la conférence de presse le fait que Gagarin avait atterri séparément de la capsule à l’aide d’un parachute. p.105

…quelques jours plus tard il devint clair pourquoi Khrouchtchev avait été si pressé d’organiser le lancement.

Cette fois la raison était inattendue : Khrouchtchev avait eu besoin d’un bon feu d’artifices pour détourner l’attention de l’opinion publique mondiale du Mur de Berlin, qui fut construit le 13 août 1961. Et il faut dire que dans une certaine mesure, il a atteint son but. Les occidentaux dirent : « Il est bien entendu terrible qu’ils aient construit un mur de prison à travers Berlin, mais d’un autre côté ils ont bien réussi leur vol spatiale – réussir à maintenir un homme dans l’espace 24 h…grands dieux ! » p.110

[Dans le chapitre suivant, Vladimirov raconte l’épopée des Voskhod I et II [en fait identiques aux Vostok précédents], lancés en urgence pour couper l’herbe sous les pieds des Américains. La 1ère mission devait lancer trois hommes dans l’espace – les Américains venaient d’annoncer qu’ils allaient en mettre deux – et la 2ème consistait en une sortie spatiale de quelques minutes.

Concernant Voskhod I, les Russes s’arrachèrent les cheveux pour réduire au maximum le poids de la capsule. Ils enlevèrent la plupart des instruments électroniques, et les cosmonautes voyagèrent dans l’espace…en slip ! Les tenues spatiales prenaient trop de place dans la petite capsule [originellement prévue pour une seule personne] et ajoutaient trop de poids au décollage. Les Russes comptaient sur l’étanchéité de la capsule pour leur survie !! Si cela vous semble absurde, c’est que vous n’êtes pas mort ! De plus, comme le système d’éjection de la capsule afin de terminer la descente en parachute ne pouvait pas s’appliquer aux trois cosmonautes – l’écoutille étant trop petite – les Russes réussirent à accomplir un atterrissage en douceur de la capsule entière. Comment cet exploit a pu être réalisé alors que celle-ci ne pesait pas moins que les capsules précédentes n’est pas expliqué. Un miracle soviétique de plus, probablement. NdT]

[Concernant Voskhod II :]

On savait que lors du premier vol habité Gemini, les astronautes américains devaient ouvrir l’écoutille et dépressuriser leur cockpit, après quoi ils devaient le fermer à nouveau et le re-pressuriser. Lord du second vol Gemini, peu après le premier, il était prévu que l’un des astronautes effectue une sortie dans l’espace. C’était ce programme des Américains, annoncé à l’avance comme d’habitude, que Koryolov se proposa de devancer…

On suivit le conseil de Voskrensensky de ne pas dépressuriser la capsule en vol. À la place, une idée plus simple fut adoptée : un tube léger fut adapté à l’écoutille de la capsule pour créer un sas dans lequel le cosmonaute devait ramper avant d’ouvrir l’écoutille extérieure, ce qu’il devait faire après que le second cosmonaute eut fermé l’écoutille intérieure derrière lui. La ré-entrée dans la capsule fut accomplie en inversant le procédé. p.140

[Comment le tube « léger » qui devait bien faire 1,8 m de long est-il rentré déjà fixé dans la fusée Voskhod (vu que les cosmonautes ne pouvaient pas l’installer une fois en orbite) ? Comment a-t-il résisté aux vitesses fulgurantes de la capsule ? Autant de questions sans réponse logique…NdT]

Vladimirov – Le Bluff Soviétique dans la Course à l’Espace I

Le mythe de l’avance soviétique dans la conquête spatiale. (1971)

Vlad

Je fus étonné de lire un commentaire dans le London Times à propos du vol de trois vaisseaux soviétiques en octobre 1969 – une fois encore, les Américains avaient déjà aluni. Comme on le sait, rien de nouveau ne s’était produit au cours de ce vol que ce soit d’un point de vue technique ou d’un point de vue scientifique. Mais le Times écrivit, alarmé, que le vol des sept cosmonautes dans trois vaisseaux  signifiait sans doute aucun une révolution dans le domaine de la recherche spatiale – quelque chose grâce auquel les Russes étaient sur le point de dépasser les accomplissements américains.
Et en 1971, même après la 3ème mission lunaire réussie des Américains, la notion que les Russes étaient ‘en avance’ continuait à prévaloir. p.12

Pourquoi Baïkonour ?

La pathétique anecdote du baptême du centre spatial soviétique révélera en soi beaucoup au lecteur attentif. Tant que l’Union Soviétique se contentait de lancer des Spoutniks – jusqu’en avril 1961 – aucune référence ne fut faite nulle part au lieu à partir duquel ils étaient lancés, qui était considéré comme top secret. Mais en avril 1961 le premier homme – Yuri Gagarin – fut envoyé dans l’espace et les dirigeants soviétiques furent soudain mis devant un épineux problème. Le fait est qu’ils voulaient faire enregistrer le vol de Gagarin comme un record mondial en termes d’altitude et de distance. Les autorités soviétiques soumirent fièrement dans leur demande une déclaration signée de Gagarin et de plusieurs ‘commissaires au sport’ soviétiques. Mais selon les règles internationales, pour que le record soit homologué, les lieux de départ du vol et celui d’arrivée devaient être fournis. Après une brève période de panique, les autorités prirent la décision ‘rusée’ de nommer Baïkonour, et pas Turyatan [village le plus proche] comme ce lieu, déplaçant ainsi le centre spatial d’environ 320 km de là où il était réellement.

Sur toutes les cartes géographiques de l’URSS, pas une seule ville soviétique n’est montrée à son emplacement exact donné par les coordonnées de latitude et longitude. Chacune d’entre elles est déplacée d’un côté ou de l’autre, plus ou moins, mais elles sont toutes décalées. …la publication des coordonnées géographiques de n’importe quelle ville de l’URSS est interdite. p.48-49

Je m’y connais peu quant aux réussites relatives des deux groupes dans le domaine de la mise au point de missiles. Tout ce que je sais c’est que dans leur tentative d’augmenter la puissance et la portée des missiles, les scientifiques se trouvèrent confrontés à un problème insoluble : comment construire des tuyères de grand diamètre capables de supporter les températures extrêmement élevées des gaz d’échappement. Le problème, à son tour, se divisait en deux parties : découvrir les alliages thermorésistants nécessaires, et assurer le refroidissement uniforme des parois de la tuyère en vol. Ou, de manière plus simple : les matériaux disponibles pour fabriquer les parois des réacteurs et les méthodes connues pour les refroidir ne permettaient pas aux ingénieurs soviétiques de construire des moteurs de grand diamètre, parce que les matériaux ne pourraient pas supporter la chaleur de 3.000 degrés générée par ces gros réacteurs et les systèmes de refroidissement n’étaient pas adéquats pour abaisser la température à des niveaux acceptables. p.50

Même aujourd’hui, 13 ans après le lancement du 1er Spoutnik [1957], l’Union Soviétique fait toujours face à des difficultés concernant la construction de gros propulseurs et continue à utiliser le système à multiples propulseurs d’appoint plus petits, système lourd, maladroit et peu fiable.

On sait maintenant en Occident que non seulement le 1er Spoutnik mais également le 1er homme (ainsi que tous ceux qui ont suivi jusqu’à aujourd’hui) furent lancés dans l’espace grâce au système de propulseurs multiples. On sait également que les Américains construisent depuis longtemps des propulseurs géants comme ceux de Saturn V*. [* Selon des informations disponibles à la fin 1969, les réacteurs de fusées soviétiques développaient une poussée d’environ 50 tonnes par chambre de pression, alors que les réacteurs américains en développaient une de 680 tonnes.] Les experts américains savent que quand, au printemps 1961, la machine de propagande soviétique se faisait plaisir en suivant le vol de Gagarin et que les journalistes américains se plaignaient de l’étendue du retard américain par rapport à l’Union Soviétique – d’aucuns disaient cinq, d’autres dix ans – le principal réacteur de la fusée américaine Atlas n’était qu’un fantasme inatteignable pour les concepteurs soviétiques. Les experts américains le réalisent maintenant. Mais ils ne le savaient pas à l’époque. Mais ni à l’époque ni maintenant une quelconque analyse raisonnée n’est apparue en Occident, et la presse continue à proclamer à quel point l’Union Soviétique est ‘en avance’ – même après que les Américains ont aluni. p.51-52

Mon ami scientifique m’expliqua que trois facteurs travaillaient en faveur de l’Union Soviétique : le secret, l’aventurisme (rendu possible par le degré de secret maintenu), et le souhait des ingénieurs aéronautiques américains d’obtenir plus de fonds. Le lancement d’un Spoutnik – d’après ce scientifique – fut accompli par l’Union Soviétique bien plus tôt qu’attendu (on examinera ci-après comment cela est arrivé). Les chercheurs américains en aérospatial étaient ravis quand c’est arrivé parce qu’ils s’étaient préparés depuis longtemps à un tel lancement eux-mêmes – contrairement aux chercheurs soviétiques. Ils purent se servir de l’excuse que les Russes étaient ‘en avance’ dans la course spatiale pour soutirer plus d’argent pour leurs travaux et continuer avec des programmes soigneusement étudiés sans faire attention à ce qui se faisait en Union Soviétique. p.52

Au début de 1957, Koryolov [chef du programme spatial soviétique] tomba de plus en plus souvent sur des indications dans la presse américaine selon lesquelles, lors de l’Année de la Géophysique International, les USA souhaitaient lancer un satellite artificiel. Le problème du lancement d’un tel satellite était discuté librement dans les revues américaines, qui entraient dans les détails du projet, y compris son coût. Il y avait même des indices quant au nom donné à ce satellite – Vanguard – et des récriminations quant au fait que le Président et le Congrès étaient peu disposés envers l’idée de dépenser des millions de $ sur ce satellite.

…avant la publication dans la presse américaines d’articles sur des satellites artificiels, ni Koryolov ni qui que ce soit d’autre en Union Soviétique n’avait même pensé à faire de la recherche spatiale par ce moyen dans le futur proche. p.54-56

En réponse à la question de savoir comment il en vint à l’idée de lancer le premier Spoutnik, Koryolov, franc et aimable, expliqua : « Nous suivions de près les rapports sur les préparatifs ayant cours aux USA pour lancer un spoutnik nommé, à juste titre, Vanguard [avant-garde]. Certains à l’époque estimaient qu’il serait le premier satellite à atteindre l’espace. Nous déterminâmes ce que nous étions capables de faire, et nous en vînmes à la conclusion que nous pouvions lancer au moins 100 kg en orbite. Nous soumîmes l’idée au Comité Central du Parti, où la réaction fut : «  C’est une idée tentante. Mais nous allons devoir y réfléchir… » À l’été 1957 je fus convoqué dans les bureaux du Comité Central. Ils donnèrent leur accord. C’est comme cela que le 1er Spoutnik est né. Il fut lancé en orbite sans qu’un permis soit émis. »

Les mots les plus importants ici sont ‘à l’été 1957’. Nous ne devons pas oublier que le Spoutnik fut en effet lancé le 4 octobre de cette même année.

Même si nous supposions que le mot ‘été’ signifie ici juin (mais nous verrons plus tard qu’il y a des raisons de croire qu’il s’agissait en réalité d’août), alors il semblerait que quatre mois avant le lancement du 1er Spoutnik, aucun préparatifs n’avaient été faits pour un tel lancement en Union Soviétique, vu que de tels préparatifs n’auraient tout simplement pas pu démarrer dans aucun des bureaux d’études soigneusement protégés, avec leur discipline rigide, sans des instructions spécifiques émanant du Parti. p.56-57

…Koryolov prenait un risque considérable. La fusée qu’il allait utiliser pour lancer le Spoutnik n’avait subi ses premiers essais qu’en août. p.58

Koryolov était mieux au courant que quiconque du retard de la technologie soviétique. Après tout, les fusées étaient les produits industriels les plus importants de la nation, pourtant il n’avait pas été possible d’obtenir pour elles les alliages thermorésistants ou les plastiques modernes, ou les systèmes électroniques miniaturisés ou une centaine d’autres composants nécessaires. p.61

Antony Sutton – Le Meilleur Ennemi que l’Argent Puisse Acheter II

Le réseau Bruchhausen

La deuxième phase d’acquisition de la technologie de production en série des semi-conducteurs fut le réseau Bruchhausen.

Le réseau comportait un syndicat d’une vingtaine de compagnies d’électronique de « façade » établies par Werner J. Bruchhausen, 34 ans, Ouest-Allemand. La clé de voûte tait un ensemble de sociétés aux initiales CTC (Continental Trading Corporation), gérée par Anatoli Maluta, né Russe et naturalisé Américain. Un sous-comité du Congrès consacra un temps et des ressources hors normes à reconstituer les activités de l’opération CTC-Maluta. P.47

Jusqu’à la moitié des années 1960, l’importation directe d’ordinateurs depuis les USA était fortement restreinte par les régulations de contrôle des exportations. En 1965, seuls 5.000 $ d’équipement électronique furent envoyés des USA vers l’URSS, et seuls 2.000 $ en 1966. Cela changea en 1967. Les exportations d’ordinateurs bondirent à 1.079.000 $… p.59

En résumé, General Electric, à partir de 1959, vendit à l’Union Soviétique à travers ses filiales européennes une sélection de ses ordinateurs de milieu de gamme.

Le plus important fournisseur d’ordinateurs de l’URSS a été International Computers & Tabulations, Ltd. Du Royaume-Uni, qui a également sous licence la technologie RCA [Radio Corporation of America], et en 1970 avait fourni au moins 27 des 33 gros ordinateurs  alors en Russie. p.60

Avant que n’obtenions le système de guidage américain, nous pouvions à peine trouver Washington avec nos missiles. Après, nous pouvions trouver la Maison Blanche.

Sans l’aide américaine, le système militaire soviétique s’effondrerait en un an et demi.

Avraham Shifrin, ancien officiel du Ministère Soviétique de la Défense. p.67

En réalité, les Soviétiques n’auraient même pas pu accomplir leur programme Soyouz sans l’aide américaine. Le mécanisme d’arrimage [de la capsule] est une copie directe du mécanisme d’arrimage américain. p.70

Dans les dix années entre décembre 1959 et décembre 1969, les USA firent 18 tentatives de rapprochement avec l’URSS pour des « coopérations » spatiales.

En décembre 1959, l’administrateur de la NASA R. Keith Glennan offrit de l’aide pour suivre les vols habités soviétiques. Le 7 mars 1962, le Président Kennedy proposa un échange d’information des stations de pistage et acquisition de données, et le 20 septembre 1963 il proposa une exploration jointe de la Lune, une offre plus tard réitérée par le Président Johnson. Le 8 décembre 1964, l’administration proposa un échange d’équipes pour visiter des stations de pistage et acquisition de données sur l’espace lointain. Le 3 mai 1965, la NASA suggéra des tests de communication joints via le Molnlya I soviétique. Le 25 août 1965, la NASA demanda à l’Académie des Sciences soviétique d’envoyer un représentant pour le lancement de Gemini VI, et le 16 novembre la NASA s’enquit de tests de communication joints via le Molnlya I. Quatre offres américaines furent faites en 1966 ; en janvier la NASA parla de sondes vers Vénus ; le 24 mars et le 23 mai, l’administrateur James Webb suggéra que les Soviétiques proposent des sujets de discussion ; et en septembre l’Ambassadeur Arthur Goldberg souleva une fois encore la question du pistage par les USA des missiles soviétiques. p.71

Le mirvage [Multiple Independently targeted Reentry Vehicle – Véhicules de Ré-entrée Multiples Indépendamment ciblés] est la capacité de déployer un certain nombre d’ogives depuis un unique missile, augmentant ainsi considérablement la capacité d’emport. Les missiles soviétiques de 3ème génération n’avaient pas cette capacité. Comme écrit par le Ministère de la Défense dans un rapport : «…ce ne fut qu’à partir de la 4ème génération que la technologie devint disponible aux Soviétiques leur permettant une capacité d’emport supérieure et une précision grandement accrue en sorte que les MIRV à haut rendement pouvaient dès lors être portés par des missiles opérationnels. »

La phrase « devint disponible » est un euphémisme du DoD pour dévoiler ce qui avait été caché au public : que ce sont les USA qui ont mis cette technologie à disposition. La 4ème génération d’ICBM [missiles balistiques intercontinentaux] se compose des SS-17, SS-18, et SS-19 ; qui aujourd’hui ont la capacité de détruire la plupart de nos 1.000 missiles Minuteman avec seulement une portion de leurs têtes. p.75

Dans les semaines qui viennent nombre d’entre vous verront à quelques centaines de mètres de vous sur l’eau quelques exemples des technologies les plus modernes jamais inventées aux USA. Malheureusement, elles se trouvent sur des navires soviétiques.

Ministre de la Marine John Leman, le 25 mai 1983, aux futurs diplômés d’Annapolis

Les Soviétiques ont concentré leurs acquisitions dans les domaines liés aux porte-avions, aux capacités de plongée en grande profondeur, aux systèmes de détection pour la guerre sous-marine et la navigation, et les installations d’entretien des navires. Dans le domaine de l’entretien, deux énormes cales sèches flottantes achetées au Japon, soi-disant pour un usage civil, ont été déviées pour un usage militaire. Les cales sèches sont vitales à la fois pour des réparations de routine et des réparations rapides de navires endommagés lors de conflits. En 1978, quand les Soviétiques eurent accès à la première de ces cales sèches, ils la déroutèrent à l’attention de la flotte du Pacifique. L’autre fut envoyée à la flotte du Nord en 1981.

Ces cales sèches flottantes sont si énormes qu’elles peuvent transporter plusieurs navires à la fois. Plus important, ce sont les seules installations de cales sèches à disposition des deux principales flottes soviétiques – celle du Nord et celle du Pacifique – capables d’entretenir les nouveaux porte-avions V/STOL de classe Kiev. Les sous-marins transportant des missiles balistiques, les porte-avions de classe Kiev, et les destroyers soviétiques furent parmi les premiers vaisseaux à être réparés dans ces cales sèches. Ces dernières sont si grandes qu’aucun chantier naval soviétique ne peut accueillir leur construction sans d’importantes modifications préalables des installations, associées à des dépenses conséquentes, et l’interruption des programmes d’armement actuels. Leur importance sera encore plus grande quand les Soviétiques construiront les porte-avions encore plus gros (pour les avions à haute performance) projetés pour les années 1990. Les Soviétiques ont acquis de l’Occident l’équipement de catapultage de porte-avions ainsi que de la documentation pour ce porte-avions plus gros [restant à construire] ; la technologie de catapultage, bien que relativement commune en Occident, est hors de portée des capacités soviétiques.

Dans les années 1980, l’URSS signa un contrat pour ou acheta des navires d’étude océanographique construits à l’étranger et équipés de certains des équipements les plus modernes que la technologie occidentale puisse offrir. À la place de l’équipement américain, sous embargo, d’autres équipements occidentaux furent installés à bord de ces navires. Cette modernisation de la flotte océanographique la plus importante du monde avec de la technologie occidentale aidera au développement des programmes de systèmes d’armement soviétiques et des systèmes anti-sous-marins utilisés contre l’Occident. p.81-82

Un objectif soviétique connu dans le domaine de la guerre économique est de rendre l’Europe occidentale dépendante de l’Union Soviétique. Une telle dépendance réduira considérablement les options européennes en cas de conflit avec celle-ci. Les Soviétiques ont conçu un projet de gazoducs massif, suffisamment énorme pour changer toute l’infrastructure sibérienne afin d’acheminer ces réserves sibériennes de gaz naturel vers une Europe en manque de gaz, rendant ainsi l’Europe dépendante d’une source vitale d’énergie. Dans le même temps, les Soviétiques ont convaincu les hommes occidentaux aveugles, sourds, et muets de financer ce contrat de 22 milliards de $ et ainsi de financer leur propre destruction – comme Lénine l’avait prédit. p.84

Un rapport d’évaluation de la CIA rendu à la fin des années 1970 concluait que « l’URSS est hautement dépendante de la technologie chimique occidentale. » À cette époque la CIA estimait que les usines équipées en Occident comptaient pour les proportions suivantes de la production chimique soviétique :

40% des engrais complexes

60% du polyéthylène

75-80% de la fibre de polyester

85% de l’ammoniaque

Le rapport ne disait rien, en revanche, sur un fait critique : que les usines soviétiques fabriquant ces produits chimiques et d’autres se servent intégralement de technologie copiée ou obtenue par rétro-ingénierie d’équipement occidental. Il n’y a rien de tel qu’une technologie chimique soviétique indigène. p.91

Antony Sutton – Le Meilleur Ennemi que l’Argent Puisse Acheter I

L’invasion de l’Afghanistan fut un tournant dans les tactiques militaires soviétiques. S’écartant d’un demi-siècle de tactiques tout en lenteur, laborieuse, consistant à « étouffer l’ennemi par la puissance brute, » le leadership militaire soviétique adopta la frappe éclair. En une nuit, les Soviétiques prirent l’aéroport de Kaboul et entourèrent la ville avec leurs tanks.

Des tanks ?  Au cours d’une invasion effectuée en une seule nuit ? Comment des tanks soviétiques de 30 tonnes peuvent-ils débarquer depuis la frontière soviétique vers l’intérieur des terres, dans la ville de Kaboul, en un seul jour ? Quid du terrain accidenté afghan ?

La réponse est simple : il y a deux voies rapides entre l’Union Soviétique et Kaboul, dont une faisant 1.035 km de long. Leurs ponts peuvent supporter des tanks. Vous pensez que les paysans afghans ont bâti ces routes pour leurs chariots tirés par des yaks ? Vous pensez que ce sont les paysans afghans qui ont bâti ces routes ? Non, vous les avez bâties.

En 1966, des comptes-rendus sur ce gigantesque projet de construction commencèrent à voir le jour dans d’obscurs magazines américains. Le projet aboutit l’année suivante. Il faisait partie de la ‘Grande Société’ de Lyndon Johnson. Des ingénieurs soviétiques et américains travaillant de concert, dépensant l’argent de l’aide étrangère américaine ainsi que l’argent soviétique afin que ces voies rapides soient construites. Un tronçon de voie long de 107 km, vers le nord à travers la passe de Salang en direction de l’URSS, coûta 42 millions de $, soit 392.000 $ le km. John W. Millers, chef de l’équipe de géomètres d’United National en Afghanistan, fit la remarque qu’à l’époque ce fut le morceau de route le plus cher qu’il ait jamais vu. Les Soviétiques formèrent et employèrent 8.000 Afghans pour la construire.

S’il y avait une quelconque justice dans ce monde d’aide étrangère internationale, les tanks soviétiques auraient dû rouler le long de panneaux lisant : « Les Impôts des Autoroutes Américaines Sont à l’œuvre. »

Sympas ces Soviétiques. Ils voulaient juste aider une nation en retard technologique. Sympas ces officiels de l’aide étrangère US. Eux aussi voulaient juste aider une nation en retard technologique…l’Union Soviétique. [Présentation par Gary North p.8]

 

Lénine à propos des hommes aveugles, sourds, et muets :

Les capitalistes du monde et leurs gouvernements, dans leur désir de conquête du marché soviétique, fermeront leurs yeux à la réalité supérieure et se changeront par là-même en hommes aveugles, sourds, et muets. Ils autoriseront des prêts qui renforceront pour nous les Partis Communistes de leurs pays et nous donneront accès aux matériaux et technologies qui nous font défaut, ils restaureront notre industrie militaire, indispensable pour nos futures attaques victorieuses sur nos fournisseurs. En d’autres termes, ils travailleront à la préparation de leur propre suicide.

Quelles est cette ‘réalité supérieure’ identifiée par Lénine ? C’est simplement que le système soviétique ne peut générer suffisamment d’innovation et de technologie pour devenir une superpuissance, et pourtant les ambitions globales soviétiques requièrent que son système socialiste défie et surpasse les systèmes capitalistes des pays occidentaux. p.15

En résumé, toutes les administrations présidentielles, de celle de Woodrow Wilson à celle de Ronald Reagan, ont suivi une politique étrangère bipartisane consistant à bâtir l’Union Soviétique. Cette politique est cachée. C’est une politique de suicide. p.22

Sous l’effet d’intenses pressions politiques de la part des hommes aveugles, sourds, et muets, les hommes politiques américains, en particulier dans les administrations Johnson et Nixon sous l’instigation d’Henry Kissinger (un employé de longue date de la famille Rockefeller), autorisèrent la construction des usines Togliatti (Volgograd) et Kama River.

L’usine automobile de Volgograd, construite entre 1968 et 1971, a une capacité de 600.000 véhicules par an, trois fois plus que l’usine Gorki construite par Ford, qui jusqu’en 1968 avait été la plus grande usine automobile d’URSS.

Bien que Volgograd soit décrite dans la littérature occidentale comme « l’usine Togliatti » ou « l’usine automobile Fiat-Soviétique, » et qu’elle produit effectivement une version de la Fiat-124 sedan, le cœur de la technologie est américain. Les trois-quarts de l’équipement, y compris des chaînes de production clés et des systèmes automatiques, vinrent des USA. Il est vraiment extraordinaire qu’une usine avec un potentiel militaire connu ait pu être équipée par les USA en plein milieu de la guerre du Vietnam, une guerre au cours de laquelle les Nord-Vietnamiens reçurent 80% de leurs fournitures de l’Union Soviétique. p.33

La révolution des semi-conducteurs commença dans la Silicon Valley et représenta un défi pour le monde socialiste à dupliquer. Cela ils ne pouvaient pas le faire. Absolument tous les systèmes d’armement soviétiques disposent d’une technologie de semi-conducteurs qui trouve son origine en Californie et qui a été achetée, volée, ou acquise des USA. p.43

En prenant les semi-conducteurs comme exemple, trois étapes peuvent être identifiées dans le processus de transfert. Les Soviétiques furent capables d’importer ou de fabriquer de petites quantités de semi-conducteurs assez tôt. Ce qu’ils ne purent pas faire en revanche, comme dans le cas de beaucoup d’autres technologies, fut de produire en masse des composants de haute qualité. Cette situation fut décrite par le Dr. Lara Baker, une experte en ordinateurs soviétiques, devant le Congrès :

Le système soviétique, en pré-production, peut réussir à fabriquer quelques unités de n’importe quel produit qu’ils souhaitent, pourvu qu’ils aient la volonté d’y consacrer les ressources nécessaires. Le meilleur exemple de ceci serait le programme spatial ‘civil’ soviétique, grâce auquel ils réussirent à mettre des cosmonautes en orbite avant les USA, mais pour un coût élevé.

Dans le domaine de la production en série, c.-à-d., la production quotidienne de grandes quantités d’un produit donné, les différences entre les deux systèmes deviennent les plus flagrantes. La production en série est le talon d’Achille du bloc soviétique. En particulier en ce qui concerne les hautes technologies, le problème que les Soviétiques ont est d’assurer l’uniformité de la qualité : ils comptent les produits, pas leur qualité. C’est le domaine dans lequel les Soviétiques exhibent la plus grande faiblesse et ont par conséquent le plus besoin d’aide. p.44

…on peut identifier les étapes grâce auxquelles les Soviétiques ont acquis la technologie des semi-conducteurs :

1951                Le semi-conducteur est développé dans la vallée de Santa Clara, Californie. À partir de ce moment, les Soviétiques importent  des puces et fabriquent en petite quantité.

1971                Développement de « l’ordinateur dans une puce. » Les Soviétiques restent incapables de produire en série y compris des semi-conducteurs primitifs.

1973                Control Data Corporation (CDC) est d’accord pour fournir aux Soviétiques une vaste sélection d’informations scientifiques et d’ingénierie, y compris la fabrication et la conception d’un énorme ordinateur rapide (75 à 100 millions d’opérations par seconde est rapide même en 1985) ainsi que les techniques de fabrication des semi-conducteurs et technologies associées.

1977-80           Les Soviétiques acquièrent la technologie d’une usine de semi-conducteurs à travers le réseau [d’espionnage] Bruchhausen et la Continental Trading Corp. (CTC). L’accord avec la CDC donne l’accès aux Soviétiques à suffisamment d’information pour mettre en place un programme d’achat et d’espionnage. La CDC dît aux Soviétiques ce qu’ils avaient besoin d’acquérir.

1981-82           Le Ministère du Commerce ne fait pas d’efforts pour mettre en application les régulations sur le contrôle des exportations. Le service US des douanes fait lui ce qu’il peut pour stopper l’exportation d’équipement de fabrication de semi-conducteurs.

1985                Les Soviétiques montent une usine de production de masse de semi-conducteurs. L’équipement militaire soviétique est alors basé sur ces nouveaux produits.

1986    Le contribuable américain continue à soutenir un budget de défense annuel de plus de 300 milliards de $. Sans ces transferts, les militaires soviétiques n’auraient pas pu se mettre à utiliser des ordinateurs et le budget de défense des USA aurait été réduit. p.46-47

Antony Sutton – Suicide d’État : Aide Militaire à l’Union Soviétique V

« Les Russes n’ont jamais été en tête dans la course spatiale… Le retard soviétique dans la recherche spatiale est parfaitement naturel et inévitable, parce que l’Union Soviétique est un pays sous-développé, et est en particulier un pays technologiquement sous-développé. »
Leonid Vladimirov, ingénieur russe et ancien rédacteur en chef de Znanie-Sila, Moscou. p.130

Une aide cruciale aux ambitions soviétiques dans le domaine des fusées est venue d’Allemagne à la fin de la 2ème GM. Les installations transférées à l’URSS comprenaient les stations d’essai de Blizna et Peenemunde, qui furent capturées intactes et déplacés en URSS ; les vastes usines de production des V-1 et V-2 de Nordhausen et Prague ; les résultats des tests de fiabilité de quelques 6.900 V-2 allemands ; et 6.000 techniciens allemands (mais pas les plus haut placés), dont la plupart ne furent pas relâchés avant la fin des années 1950. p.130

Mittelwerke à Nordhausen fut visité en juin 1945 par des équipes de l’U.S. Strategic Bombing Survey qui rapportèrent que l’immense usine souterraine pouvait fabriquer des V-1 et V-2 aussi bien que des bombardiers Junkers-87. Les fusées V-2 étaient fabriquées dans 27 tunnels souterrains. L’usine était également équipée de machines-outils ainsi que d’une « ligne d’assemblage très bien organisée, pour le moteur de la fusée. » Sa production à la fin de la guerre était de 400 V-2 par mois, et son potentiel estimé était de 900 à 1.000 unités par mois.
Quand les Soviétiques occupèrent une partie de la zone américaine en juillet 1945 suite à un accord avec le Général (plus tard président) Eisenhower, l’usine de Nordhausen fut entièrement déplacée en URSS. p.131

En 1972 on n’entendait plus autant parler du programme spatial soviétique, car sa tâche était accomplie. Avec l’objectif de fournir la propagande destinée à dissimuler le retard technologique soviétique, le programme avait largement rempli ledit objectif. Les USA furent entraînés dans des programmes coûtant des milliards et des milliards de $, se servant de fonds pris aux contribuables américains, eux aussi victimes d’une propagande leur faisant croire qu’une sorte de course à l’espace se déroulait sous leurs yeux. La seule course qui existait était entre les USA et leur ombre. Aujourd’hui, sans aide supplémentaire de l’Occident, l’Union Soviétique ne peut faire aucun progrès significatif. Mais l’aide viendra des USA sous la forme d’aventures spatiales « en coopération. » p.133

En 1957, l’année de Spoutnik, l’Union Soviétique avait moins de téléphones que le Japon (3,3 millions contre 3,7 millions)…

En termes d’automobiles, l’Union Soviétique était encore moins bien fournie. En 1964, elle possédait un stock de 919.000 voitures, toutes produites dans des usines construites par les pays occidentaux, c.-à-d. à peine plus que l’Argentine (800.000) et bien moins que le Japon (1,6 million) et les USA (71,9 millions). p.133

Le traité soviéto-américain ABM de 1972 est un cas de plus où les USA ne peuvent apparemment pas s’empêcher de donner la part du lion aux Soviétiques. Le traité limite chaque pays à deux sites ABM, l’un dans la capitale, l’autre dans n’importe quel lieu aux USA ou en URSS.

En surface on pourrait croire que cela est parfaitement équitable. Un minimum de réflexion suggère que le côté américain n’aurait pas pu donner plus s’il avait essayé. Le traité échange la défense d’un tas de papiers usagés et de bâtiments vides – c’est à cela qu’équivaudrait Washington D.C. dans le cadre d’une attaque nucléaire – pour la défense de l’élément le plus important du complexe militaro-industriel soviétique. Une bombe atomique larguée sur Washington n’entamerait en rien le système de défense américain – le personnel du gouvernement aurait été évacué et Washington ne dispose pas d’industries. D’un autre côté, une bombe atomique sur Moscou supprimerait la clé du centre de défense soviétique. Avec SALT, Moscou obtient un système ABM.

En d’autres termes, dans le cas d’un conflit, s’il y a bien une cible évidente pour les USA en Russie, c’est Moscou – les autres cibles ne comptent relativement pas pour grand-chose. De plus, s’il y a bien une cible en Amérique que les Soviétiques n’attaqueront pas, c’est Washington D.C.

Les mystiques de notre gouvernement ont échangé la protection de rien aux USA [Washington D.C.] contre la protection des principaux éléments du complexe militaro-industriel soviétique.

Et le Sénat a été d’accord. p.135-136

Toute technologie moderne, incluant la technologie moderne militaire, dépend de l’utilisation d’ordinateurs. Pour faire un quelconque progrès dans les systèmes d’armement, les Soviétiques doivent utiliser des ordinateurs modernes à grande vitesse. Ces ordinateurs ainsi que la technologie connexe nécessaire sont venus de l’Occident et continuent à venir de l’Occident, presque exclusivement des USA.
Le professeur Judy de l’Université de Toronto se fait l’écho de cette conclusion lorsqu’elle écrit que « virtuellement toute » la technologie soviétique dans le domaine des ordinateurs est d’origine occidentale. Judy ne fournit aucun exemple de technologie adaptée aux ordinateurs qui soit d’origine soviétique, non plus que l’auteur n’a été capable de découvrir un quelconque ordinateur d’origine soviétique. p.138

En résumé, les ordinateurs soviétiques à usage militaire sont soit des ordinateurs américains « à usage civil » soit des copies d’ordinateurs américains importés et réadaptés pour des objectifs militaires spécifiques. p.140

« Si les Américains perdent leurs libertés à quelque moment que ce soit dans le futur proche, ce ne sera pas à cause du communisme mais à cause des excès bureaucratiques d’un gouvernement titanesque. »
Barry Goldwater, Sénateur de l’Arizona, octobre 1972. p.142

En ce qui concerne la bureaucratie, le problème que le Congrès doit encore affronter est triple :

  1. Le Département d’État et le Ministère du Commerce ont, au cours d’une période de presque 50 ans et surtout depuis le début des années 1930, facilité l’exportation de biens militaires et technologies connexes vers l’Union Soviétique.
  1. Les guerres de Corée et du Vietnam ont été alimentées des deux côtés par l’exportation de technologie occidentale, principalement des USA.
  1. La bureaucratie a tenté de manière continue et souvent avec succès de dissimuler des informations relatives à ce transfert technique massif et son application militaire subséquente par les Soviétiques. p.142

Un livre populaire dans les années 1930 était Vous ne Pouvez pas Faire des Affaires avec Hitler ! Les arguments moraux et de sécurité nationale dans ce livre ne s’appliquent apparemment qu’au totalitarisme d’Hitler. Il existe une incohérence extraordinaire dans le traitement du totalitarisme hitlérien et du totalitarisme stalinien. En effet, il y a des preuves directes et un grand nombre d’indices indirects que les décideurs de Washington ne voient pas du tout l’Union Soviétique comme une puissance totalitaire. p.145

L’aide américaine au totalitarisme de type marxiste n’est pas limitée à l’Union Soviétique. En 1971 par exemple, le Département d’État a essayé d’aider Allende, le président marxiste du Chili, d’acquérir des avions et de l’équipement de parachutisme aux USA. Trois mois plus tard, Allende a tenté d’imposer un contrôle marxiste total sur le Chili. Au moment où ce livre est écrit [1972], la classe moyenne montante se révolte, et l’on verra peut-être une guerre civile se développer dans ce pays. Une fois encore le Département d’État veut aider une clique marxiste à imposer son régime sur une population qui n’en veut pas. p.146

Dans les trois années de 1965 à 1967, un total de 162 Américains allèrent en URSS et 178 Soviétiques vinrent aux USA grâce au programme d’échange du Département d’État. Les totaux sont à peu près équilibrés mais les domaines de recherche sont eux incroyablement déséquilibrés. La plupart des Soviétiques (139 sur 178 [78%]) vinrent aux USA pour faire de la recherche en ingénierie et dans les sciences physiques, alors que la plupart des Américains (153 sur 162 [95%]) travaillèrent dans les champs de l’histoire, des sciences sociales, et de la littérature. Alors que 46 Soviétiques étudièrent la chimie et la métallurgie aux USA, aucun Américain n’eut l’occasion d’étudier la chimie et la métallurgie en URSS. Alors que 48 Soviétiques étudièrent l’ingénierie (sciences mécanique, électrique, et des matériaux) aux USA, seuls deux Américains purent étudier l’ingénierie en URSS. Alors que 27 physiciens Soviétiques vinrent aux USA, seuls deux physiciens américains allèrent en URSS, etc. À l’inverse, alors que 83 Américains étudièrent l’histoire, seuls 12 Soviétiques firent de même aux USA. Alors que 34 Américains étudièrent la littérature russe, l’Union Soviétique ne prit pas la peine d’envoyer un seul étudiant en littérature aux USA. Et alors que 11 Américains étudièrent le russe, seul un Russe vint pour apprendre l’anglais. p.147

[Les sujets typiques de recherche pour les Américains étaient les suivants :

La musique de clavier dans la Russie du 18ème s.

Les voyageurs russes à Byzance.

Recherches sur l’histoire de Zemski Sobor [congrès de la terre russe] durant le règne d’Ivan IV.

Analyse structurelle des histoires de Tchekhov.

Les recherches effectuées par les Soviétiques aux USA étaient directement liées au programme de missiles soviétique. En effet, le programme du Département d’État de « ponts pour la paix » semble dans certains cas être plus des « ponts pour la guerre. »

Caractéristiques des décharges dans un flux gazeux à haute vélocité.

Procédés de déposition de pellicules diélectriques, à semi-conduction, et métalliques dans des conditions d’un plasma de décharge gazeuse à basse température.

Dépendance quantitative entre la composition de phase, les stress micro et macro dans la couche de surface et les propriétés mécaniques des alliages durs.

État de la couche limite dans les tuyères à [vitesse] Machs élevés. p.148-149

Dr Barron, dans son livre À l’intérieur du Département d’État, accusa spécifiquement le Département de l’exportation de technologie militaire vers l’Union Soviétique, et donna quatre exemples d’outils hautement stratégiques dont l’exportation vers l’URSS fut poussée par des officiels au sein du Département d’État :

  1. Des aléseuses essentielles à la fabrication de tanks, d’artillerie, d’avions, et des réacteurs nucléaires utilisés dans les sous-marins.
  2. Des aléseuses verticales essentielles à la fabrication de réacteurs d’avions.
  3. Des machines ‘à équilibrage dynamique’ [cinétiques] utilisées pour équilibrer les arbres de transmission sur les moteurs des avions de chasse et des missiles guidés.
  4. Des rectifieuses cylindriques externes qui, d’après le témoignage d’un expert du Ministère de la Défense, sont essentielles à la fabrication de pièces de moteurs, missiles guidés, et radars.

Bryton Barron en conclut :

« Il devrait être évident que l’on ne peut pas plus faire confiance au personnel en charge au Département pour respecter les accords signés dans l’intérêt de la nation qu’on ne peut leur faire confiance pour nous fournir les faits complets concernant nos traités et autres engagements internationaux. » p.152-153

« Q : Existe-t-il un danger que ce pays aide les Russes à bâtir un potentiel de guerre qui puisse se retourner contre les intérêts du monde libre ?

R : Étant données les circonstances, il ne serait pas sage de ne pas accepter des contrats qui créeraient des emplois aux USA, quand refuser de vendre à l’Union Soviétique n’empêcherait en aucune façon leur progrès. »

Maurice H. Stans, banquier et ex-Ministre du Commerce, en réponse [au magazine] U.S. News & World Report, 20 décembre 1917. P.155

En 1919, le Dr. Julius Hammer était membre du Comité Exécutif du PCUS, et, en 1972, Armand Hammer (son fils et partenaire en affaire) est décrit comme le « capitaliste n°1 » en Amérique. p.157

Le contribuable a désormais la charge d’un budget de défense annuel de 80 milliards de $ contre un ennemi que l’on a nous-même construit, et on considère maintenant sérieusement à Washington d’étendre ce complexe militaro-industriel hostile. Encore pire, la contribuable américain devra prêter les fonds et garantir lui-même ces prêts dans le cadre de cette proposition suicidaire. Notre politique est une reductio ad absurdum [raisonnement par l’absurde]. p.163

Antony Sutton – Suicide d’État : Aide Militaire à l’Union Soviétique IV

Le Lend Lease ajouta 491 navires à ce total [de la flotte militaire soviétique] : 46 chasseurs de sous-marins de 33 mètres et 59 de 20 mètres, 221 torpilleurs (dont 24 du Royaume-Uni), 77 démineurs, 28 frégates, 52 petits bâtiments de débarquement, 2 grands bâtiments de débarquement du Royaume-Uni, et 6 péniches.  En plus des navires de combat, le Lend Lease a fourni nombre de navires marchands et de moteurs de bateaux.

En termes de tonnage, le Lend Lease a probablement doublé la taille de la marine soviétique. Seul un faible nombre de ces navires ont été rendus, bien que le Lend Lease stipulât qu’ils devaient tous l’être.

Depuis la 2ème GM, l’aide au programme de construction navale soviétique avait pris deux formes : l’exportation d’équipement pour la construction navale et de grues par des pays européens, et dans une moindre mesure des USA, et l’utilisation de plans et designs obtenus des USA et de l’OTAN grâce à l’espionnage. Par exemple, l’équipement sophistiqué de l’U.S.S. Pueblo, transféré à l’URSS par la Corée du Nord, avait quinze ans d’avance sur tout ce que les Soviétiques possédaient à la fin des années 1960. En d’autres termes, la capture du Pueblo fit faire aux Soviétiques un bond des développements techniques de l’après-guerre grâce aux Allemands et au Lend Lease jusqu’à la technologie américaine la plus avancée. p.100

Les USA vendirent de l’équipement pour sous-marins à l’Union Soviétique dans les cinq ou six premières années de la décennie 1930. Une proposition fut reçue par l’Electric Boat Company, Groton, Connecticut, en janvier 1930, pour la construction de sous-marins et d’équipement militaire pour sous-marins avec envoi vers l’URSS. Dans une lettre au Ministre d’État, Electric Boat avança l’argument qu’il n’y avait « pas d’objection » à la construction de sous-marins pour une « puissance étrangère si amicale, » et dit de plus que c’était dans l’intérêt de la Marine étant donné que cela fournissait du travail aux ouvriers des chantiers navals locaux.

L’expansion massive d’après-guerre de la flotte de sous-marins soviétiques a dépendu des conceptions et des ressources et techniques de l’Allemagne et des USA.

Bien que les Allemands aient construit 120 U-boats de type XXI jusqu’au début de 1945, peu d’entre eux ont atteint la mer. Presque tous les sous-marins achevés sont tombés entre les mains des Soviétiques. Ainsi une proportion substantielle, peut-être un quart, de la force sous-marine soviétique a été fabriquée en Allemagne aux standards allemands.

Les premiers sous-marins nucléaires soviétiques sont similaires à  l’U.S.S. Nautilus. Le ‘Y’ (« Yankee ») soviétique est copié du sous-marin à missiles balistiques U.S.S. Polaris, à l’aide de plans obtenus grâce au massif programme d’espionnage soviétique en Grande Bretagne.  p.101-102

Il existe deux faits extraordinaires concernant la gigantesque et stratégique marine marchande soviétique : D’un, plus de deux tiers (68%) du tonnage global a été construit en dehors de l’URSS. Les 32% restants ont été construits dans des chantiers navals soviétiques, dans une large mesure à l’aide d’équipement occidental, en particulier de la Finlande et des alliés de l’OTAN, la Grande Bretagne et l’Allemagne.

Deuxièmement : quatre-cinquièmes (79,3%) des principaux moteurs diesels pour bateaux utilisés pour la propulsion des navires de la marine marchande soviétique furent construits en Occident. En d’autres termes, seul un cinquième des principaux moteurs diesels furent construits en URSS. Mais cette statistique étonnante ne traduit pas la complète réalité de la dépendance soviétique sur la technologie occidentale des moteurs diesels car tous les principaux moteurs fabriqués en URSS sont bâtis à partir de conceptions étrangères.

Origine des moteurs diesels de la marine marchande soviétique

Tonnage du navire                  % des moteurs construits                    % des moteurs construits

/conçus à l’étranger                             en URSS

>15.000                                   100                                                      0

10.000 – 14.999                      87,9                                                     12,1

5.000 – 9.999                          56,9                                                     43,1

[Tous les plus gros navires ont des moteurs étrangers. NdT]

La Tchécoslovaquie n’est pas seulement le quatrième plus gros producteur de moteurs diesels au monde – bien plus important que l’URSS – mais elle exporte également 80% de tous ses moteurs, l’URSS étant de loin le principal acheteur. p.102-103

Tous les gros diesels modernes de plus de 11.000 CV utilisés en Union Soviétique sont construits sur un unique plan étranger – Burmeister & Wain, Copenhague, Danemark. Le Danemark est un allié des USA via l’OTAN. L’exportation de cette technologie danoise aurait pu être stoppée par le Département d’État d’après le Battle Act [de 1951] et l’arrangement du CoCom. Tous les diesels Burmeister & Wain sont conçus sur un ordinateur Univac américain. Les moteurs Burmeister & Wain ont servi à la propulsion des navires soviétiques actifs lors de la crise des missiles de Cuba en 1962 et dans l’approvisionnement du Nord Vietnam de 1966 à ce jour. p.104

Les bâtiments de classe Poltava furent utilisés pour transporter les missiles soviétiques à Cuba en 1962. Les premiers moteurs Poltava furent fabriqués au Danemark en 1959 et les navires entrèrent en service en 1962, quelques mois seulement avant d’être utilisés pour transporter les missiles à Cuba. En d’autres termes, la première utilisation opérationnelle de ces moteurs diesels – approuvés par [le Département d’État] comme étant non stratégiques – fut pour un défi aux USA qui nous amena au bord d’une guerre nucléaire.

En d’autres termes, il n’y aurait pas eu de crise des missiles de Cuba en 1962 si le Département d’État avait suivi les instructions du Congrès et fait le boulot pour lequel il est payé. p.105-106

En d’autres termes, nous avons toujours eu les moyens de stopper la vague soviétique d’agression – si cela avait été notre but. p.109

…37 des 96 bâtiments soviétiques effectuant la route d’approvisionnement de Haiphong possédaient des moteurs occidentaux, fabriqués après 1951 [date du Battle Act imposant des restrictions sur la vitesse et le tonnage des navires fournis à l’URSS], qui auraient pu être interdits par le Département d’État.

Nous pouvons par conséquent en tirer deux conclusions :

  1. L’Union Soviétique n’aurait pas pu approvisionner le Nord Vietnam sans l’assistance des USA et de ses alliés occidentaux. Cette assistance prend la forme de technologie transférée via des accords commerciaux.
  2. Le Département d’État avait les moyens de stopper ce transfert grâce à son droit de veto au CoCom. Il ne l’a pas fait. p.111

« …à la fin de la 2ème GM les Soviétiques n’avaient pas encore produit un seul moteur d’avion ni missile guidé. » Général G. A. Tokaev, Armée Rouge. p.113

Les ingénieurs aéronautiques français et britanniques ont leur propre nom pour le nouvel avion supersonique russe Tu-144. Ils l’appellent le « Konkordskiy. » Un coup d’œil comparatif aux configurations du Concorde anglo-français et du Tu-144 russe suffira – sans même des preuves additionnelles – à expliquer ce surnom. p.113

Entre 1932 et 1940 plus de vingt compagnies américaines fournirent soit des avions, des accessoires, soit de l’assistance technique pour des avions complets ou des usines de fabrication d’avions. p.114

En 1937-1938 la Vultee Aircraft Division de l’Aviation Manufacturing Corporation de Downey, Californie, construisit un avion de chasse pour les Soviétiques à Moscou. p. 116

Concernant les intrants pour l’opération et la construction d’avions militaires, les Soviétiques dépendaient également de de l’aide à la construction et de la technologie américaines. Même après la construction américaine extensive de raffineries au début des années 1930 l’Union Soviétique continua à dépendre de la technologie américaine pour le craquage du pétrole en fractions légères de gazoline. Les livraisons d’équipement du Lend Lease amenèrent la production de gazoline pour l’aviation d’à peine 110.000 tonnes par an en 1940 à 1,67 millions de tonnes en 1944, en dépit du fait que plusieurs unités de cracking du Lend Lease ne purent être livrées avant la fin de la guerre. p.116

La plupart, sinon tous, des accessoires d’avions étaient des copies directes de produits étrangers. p.116

À la demande du Département d’État et des ateliers Buckeye Pattern de Dayton, Ohio, le Ministre de la Guerre accorda « la parution des résultats de tests effectués sur certains tuyaux d’échappement en aluminium à l’Aviation Depot de Wright Field, Dayton, Ohio, au bénéfice du gouvernement de Russie soviétique. » Aucune objection militaire ne fut soulevée quant à la production de moteurs aéronautiques Wright en Russie, et à la requête par Sperry Gyroscope de vendre des instruments de visée pour bombes [bombsights]. p.117

Jenkins, ingénieur en chef de l’United Engineering en Russie déclara à propos de la fonderie [d’aluminium] de Zaporozhe que « l’Aluminum Compagny of America elle-même ne possède pas de machines aussi modernes que celles-là. » Les deux fonderies étaient « entièrement alimentées en énergie et contrôlées par des appareils de General Electric. »

L’installation de Stupino comprenait deux sections : un laminoir à chaud et un laminoir à froid… Tous les équipements de finition furent fournis et mis en opération par United Engineering pour les Soviétiques. Le contrat final valait dans les 3,5 ou 4 millions de $ pour United Engineering. Pour ce montant, les Soviétiques acquirent une usine capable de laminer des feuilles d’aluminium de ~600 m destinées à la fabrication d’avions. United Engineering dit à ce propos : « Rien d’une telle taille n’a jamais été bâti jusqu’à présent. » p.117

Pendant la 2ème GM, les Soviétiques produisirent 115.596 avions à partir de ces matériaux et de ces pièces d’équipement, alors que le Lend Lease ne livra à l’URSS que 14.018 unités supplémentaires. Cependant, les avions produits par l’URSS étaient pour l’essentiel des modèles d’avant-guerre obsolètes, et nombre d’entre eux étaient en bois avec moteur unique dont la qualité même était inférieure. p.118

Henry Wallace, après sa visite de l’importante usine de fabrication d’avions de Komsomolsk, fit le commentaire suivant :

« L’usine d’avions [de Komsomolsk] où les bombardiers Stormovik étaient construits devait tant son existence que sa capacité de production aux USA. Toutes les machines-outils et tout l’aluminium venaient d’Amérique… On dirait l’ancienne usine Boeing de Seattle. » p.118

Les industries d’aviation et spatiale d’après-guerre de l’URSS trouvent leur origine dans les développements allemands dans les domaines des avions et fusées réalisés au cours de la 2ème GM. En 1945 les Allemands avaient encore une industrie de fabrication d’avions et de fusées de taille considérable et relativement épargnée, qui avait été dispersée sous la menace des bombardements alliés vers les régions de l’est de l’Allemagne – la zone plus tard occupée par les Soviétiques – ou transférée aux Soviétiques le 1er juillet 1945. Plus de deux tiers de leur capacité de production tomba, intacte, entre les mains des Soviétiques et furent déplacés en URSS.

Les principales unités de conception de l’industrie aéronautique allemande, incluant la plupart des usines Junkers, Siebel, Heinkel, et Messerschmitt, furent transportées à Podberezhye, à environ 145 km au nord de Moscou… Il y avait onze usines aéronautiques majeures Junkers dans la zone Soviétique [an Allemagne] dont on sait que six ont entièrement été démontées puis remontées en URSS [les ateliers Otto Mader, les usines d’Aschersleben, Bernbourg, Leopoldshall, et Schönebeck]. p.121

Parmi les acquisitions soviétiques en Saxe on trouve les ateliers Siebel de Halle, où l’avion expérimental à moteur-fusée DFS-346 (comparable aux USA avec les Bell X-1 et X-2 et le Douglas X-3) était dans la phase finale d’assemblage. p.122

Les installations aéronautiques enlevées à l’Allemagne comprenaient des équipements uniques. Deux presses Wotan de 15.000 tonnes furent prises et au moins quatre copies furent faites en Union Soviétique, et d’autres unités développées à partir de ces presses. Les usines de fabrication de pièces pour l’aviation incluaient l’ancienne usine Nitsche à Leipzig, utilisée en URSS pour fabriquer des potentiomètres à courbe, et l’usine Karl Zeiss, pour des localisateurs, des pièces de soufflerie, et divers instruments de précision. On estime qu’en 1954 ce segment de l’industrie aéronautique allemand fournissait environ 75% de l’équipement radar et des instruments de précision soviétiques. p.123

La majeure partie des scientifiques et ingénieurs allemands fut déplacée vers la Russie en train dans la nuit du 22 au 23 octobre 1946 dans ce qui a probablement été le plus important mouvement de masse de cerveaux scientifiques de l’histoire du monde civilisé (ou non civilisé). p.124 [92 trains transportèrent 6.000 spécialistes allemands et 20.000 membres de leur famille. p.131]

En 1946 les Soviétiques achetèrent 55 réacteurs Rolls-Royce à compresseur centrifuge – 25 Nenes et 30 Derwents. Ces moteurs Rolls-Royce, les plus sophistiqués au monde à l’époque, étaient bien adaptés aux méthodes soviétiques de production, et initièrent les Soviétiques à l’utilisation de turbo jets centrifuges. Jusqu’en 1947, les moteurs des avions de chasse russes étaient tous des modèles de compresseurs à flux axial tirés d’une conception allemande. Ces turbines Rolls-Royce se trouvèrent être le meilleur équipement possible pour le MiG-15, qui fut conçu par Siegfried Gunther et produit en série sous le nom des ingénieurs soviétiques Mikoyan et Gurevich. p.126

Origine Occidentale des Avions et Moteurs Soviétiques à Usage Militaire p.127

Modèle                        En service                    Moteur            Origine du moteur

Chasseur MiG 9          1946-47                       RD-20             BMW 003

Chasseur MiG 15        1947-1960s                 RD-45             Rolls-Royce Nene

Chasseur MiG 17        1954 à aujourd’hui     VK-2JA          Rolls-Royce Nene

Chasseur MiG 19        1955 à aujourd’hui    VK-5 / M-205 Rolls-Royce Tay & Derwent

Tu-70 (Boeing B-29)  1950                            4 pistons          Wright 18 cylindres

Tu-16   Badger             1954 à aujourd’hui    AM-3M           Junkers-BMW

Tu-104 (version          1957 à aujourd’hui                              Junkers-BMW

de ligne du bombardier Badger)

Tu-20 Bear                  1955 à aujourd’hui      NK-12M         Junkers-BMW

Tu-114 (version           1957 à aujourd’hui      NK-12M         Junkers-BMW

de ligne du bombardier Bear)

…on peut tracer les réacteurs opérationnels des années 1960 aux prototypes Junkers et BMW pris à l’Allemagne à la fin de la 2ème GM ou à ceux vendus par la société Rolls-Royce au titre du « commerce pacifique » en 1946. Ces deux groupes de prototypes furent développés par des ingénieurs allemands déplacés en Russie et victimes de travail forcé, avec de l’équipement et des instruments importés au nom du « commerce pacifique. » p.128

En septembre 1971 le gouvernement britannique expulsa 105 « diplomates » russes d’Angleterre pour espionnage, et en particulier de l’espionnage militaire et industriel. D’après le London Times, cet espionnage comprenait « des informations sur des pièces électroniques, des transformateurs, des semi-conducteurs, des circuits informatiques, et des détails techniques sur les moteurs Concorde et Olympus 593 » (25 septembre 1971). En fin de compte, Doyle, un ex-membre du PC britannique, admit avoir accepté 5.000 [£ ?] des Soviétiques pour des informations sur le Concorde, « y compris des manuels, des dessins, et de petites pièces détachées. » La sécurité était tellement inexistante à l’usine que Doyle et ses amis soviétiques eurent un temps l’idée de faire sortir en cachette un missile de 5 m déguisé en poteau télégraphique. p.128-129

Antony Sutton – Suicide d’État : Aide Militaire à l’Union Soviétique III

Une usine de tracteurs est bien adaptée à la production de tanks et canons automoteurs. Les usines de tracteurs de Stalingrad, Kharkov, et Tcheliabinsk, érigées avec l’aide presque totale et des équipements américains, et l’usine Kirov de Leningrad, reconstruite par Ford, furent utilisées depuis le départ pour produire des tanks soviétiques, des véhicules blindés, et des canons automoteurs. L’enthousiasme avec lequel le programme de production de tanks et véhicules blindés a été poursuivi, ainsi que la réaffectation des meilleurs ingénieurs russes et des priorités à des fins militaires, ont été en partie responsables du problème soviétique actuel de retard en termes de production de tracteurs et de famines périodiques.

Depuis 1931, jusqu’à la moitié de la capacité de production de ces usines de « tracteurs » a été utilisée pour la production de tanks et véhicules blindés. p.63

Cela vaut la peine de se rappeler que la presse soviétique contemporaine était assez ouverte au sujet de l’aide américaine. Par exemple, un article dans Za Industrializatsiiu tirait trois conclusions : d’abord, que la préparation des plans de l’usine de Stalingrad par des ingénieurs américains avec la « participation » d’ingénieurs soviétiques rendit possible l’aboutissement de l’usine en une « période de temps très courte » ; deuxièmement, que le travail et la formation des ingénieurs soviétiques aux USA eut pour conséquence « une amélioration considérable des processus d’ingénierie » et l’application des standards américains ; et troisièmement, que le travail aux USA fournit aux Soviétiques une occasion d’étudier les usines de tracteurs américaines et de vérifier les données sur l’opération des machines-outils américaines. p.66

 

Tanks soviétiques en 1932      p.70

20 Carden-Lloyd Mark-VI                Vickers-Armstrong (U.K.)

1 Fiat Type-3000                                Fiat (Italie)

20 Renault                                           Renault (France)

16 « Russian-Renaults »                   Fabriqués en France, modifiés en URSS

70 tanks légers                                    Vickers 6 tonnes, Alternate-A (U.K.)

40 Vickers Mark-11                            Vickers-Armstrong (U.K.)

2 Christie M-1931                               U.S. Wheel Track Layer (U.S.A.)

8 Medium Mark-A                              Vickers-Armstrong (U.K.)

 

Au cours de l’entente de 1933 entre la France et l’Union Soviétique, Renault livra pour 11 millions de $ en « petits tanks rapides et tracteurs d’artillerie » et fournit des experts des usines Schneider et Panhard Levasseur qualifiés dans le domaine des tanks et véhicules blindés. p.71

En 1931 les Russes achetèrent deux tanks Christie à U.S. Wheel Track Layer aux USA. Les Russes les copièrent, construisirent des tanks Christie, puis intégrèrent le système de suspension du Christie aux T-34. Les premiers Christies russes avaient les mêmes moteurs que les Christies américains – un Liberty 12 cylindres en V de 338 CV avec refroidissement à eau par recirculation. Dans les années 1920, la Chase National Bank de NY (maintenant Chase Manhattan) était activement engagée dans une tentative d’organisation de l’exportation de grandes quantités de moteurs Liberty à l’Union Soviétique au prix de 2.000 $ pièce. Chase fut empêchée par les réglementations militaires américaines. p.71

Les soudures dans le T-34 étaient de mauvaise qualité, mais comme l’indiquait le magazine The Welding Engineer [L’ingénieur Soudeur] (décembre 1952) : « Le T-34 fut conçu avec une seule idée en tête – apporter de la puissance de feu. Toute considération humanitaire, telle que la protection de l’équipage, sont purement secondaires. »

Dans les années 1930, les modèles T-34 furent construits à partir de millions de tonnes de blindage importées des USA. En juillet 1934, Henry Disston & Sons, Inc., demanda au Ministère de la Guerre la permission de répondre à une demande soviétique « pour la formation de leurs techniciens afin de fabriquer du blindage pour tank de la même qualité que ce qu’ils font pour leur gouvernement. » p.72

À la fin de la 2ème GM le gouvernement américain désigna un comité inter-agences afin de réfléchir au futur de l’industrie automobile allemande, en particulier vis-à-vis de son potentiel à être utilisé pour faire la guerre. Le comité conclut que n’importe quelle industrie de véhicules motorisés dans n’importe quel pays est un facteur important dans le potentiel militaire de ce pays, et appuya son constat en listant 300 produits militaires fabriqués dans des usines pour véhicule motorisés […], ainsi que des « fournitures de guerre » par l’industrie des véhicules motorisés américaine.

Notez que plus de la moitié de ces tanks, presque tous les véhicules blindés et half-tracks, et un tiers des canons de plus de 33 millimètres furent fabriqués dans des usines automobiles « pacifiques. »

Au vu de ces résultats, le comité fit les recommandations suivantes à l’unanimité :

« 1. Toute industrie de véhicules est un point fort militaire.

  1. L’industrie automobile allemande devrait par conséquent être interdite parce que c’était un industrie de guerre.
  2. De nombreux produits militaires peuvent être fabriqués par l’industrie automobile, y compris des torpilles aériennes, des canons pour avions, des instruments de mesure pour avions, des moteurs d’avions, des pièces détachées d’avions, des testeurs de démarrage pour avions, des mitrailleuses pour avions, des sous-unités d’hélices d’avions, des hélices d’avions, des équipements pour l’entretien et la mise à l’épreuve d’avions, des haubans pour avions, des fuselages, etc. Un total de 300 objets fut listé. »


Si la capacité de production automobile avait un potentiel militaire pour l’Allemagne et les USA en 1946, alors elle a aussi un potentiel militaire pour l’Union Soviétique aujourd’hui. Mais les recommandations dans les cas de l’Allemagne et de l’Union Soviétique divergent complètement. p.76

En 1930, quand Henry Ford entreprit la construction de l’usine Gorki, les articles de la presse occidentale vantaient la nature pacifique de l’automobile Ford, quand bien même Pravda avait ouvertement admis que l’automobile Ford était voulue dans des buts militaires. N’en déplaise aux articles de presse occidentaux naïfs, les véhicules militaires de Gorki furent plus tard utilisés pour aider à tuer des Américains en Corée et au Vietnam. p.86

…Rusk et Rostow nièrent tous deux devant le Congrès que l’usine de Volgograd avait un potentiel militaire.
Il doit être noté que ces affirmations de l’Exécutif furent faites en dépit de preuves évidentes du contraire. En d’autres termes, ces déclarations doivent être considérées comme des mensonges délibérés afin de tromper le Congrès et le public américain. p.87

Plus tard en 1932, des négociations furent conclues entre Du Pont et les Soviétiques pour la construction d’une gigantesque usine de production d’acide nitrique [utilisé dans la fabrication d’explosifs] d’une capacité de 1.000 tonnes par jour. Cela fait environ 350.000 tonnes par an. Vingt-cinq ans plus tard, en 1957, la plus grande usine de production d’acide nitrique de Du Pont aux USA, à Hopewell, avait une capacité annuelle de 425.000 tonnes…La firme s’enquit auprès du Département d’État pour savoir si cette usine « d’une capacité excessive » serait autorisée par le gouvernement américain…
Le Département d’État [conclut] qu’il n’y aurait aucune objection à la construction d’une si grande usine de production d’acide nitrique.

Dans les années 1950 et 1960, les Soviétiques étaient en retard dans tous les domaines de production chimique en dehors de la technologie chimique de base absorbée dans les années 1930 et 1940. Ce retard avait des implications militaires majeures et entre 1958 et 1967 poussa à une campagne massive d’achats en Occident. Dans les trois années 1959-61 seules, l’Union Soviétique acheta au moins cinquante usines chimiques complètes ou équipements pour de telles usines à des sources non-soviétiques. Le magazine américain Chemical Week commenta, avec peut-être plus de justesse que l’on ne réalisait à l’époque, que l’Union Soviétique « se comportait comme si elle n’avait pas du tout d’industrie chimique. »
[…]
L’acide sulfurique, le plus importants des acides inorganiques et des produits chimiques à usage industriel, est nécessaire en grandes quantités pour la fabrication d’explosifs. La production d’acide sulfurique en Russie augmenta de 121.000 tonnes en 1913 à un peu moins de 3 millions en 1953, 4,8 millions en 1958, et 8,5 millions en 1965.

Les Soviétiques se sont toujours servis de procédés occidentaux de base pour la fabrication d’acide sulfurique et ont copié l’équipement pour ces procédés dans leurs propres usines de fabrication de machines. Une étude russe récente sur la fabrication d’acide sulfurique indique qu’au milieu des années 1960, 63% de la production d’acide sulfurique se déroulait selon une version standardisée d’un procédé occidental. p.91-92

Jusqu’en 1960, la production russe d’engrais était majoritairement sous la forme d’engrais direct de faible qualité. Il n’y avait pas de production d’engrais concentrés et mixés tels qu’ils sont utilisés en Occident. Les usines d’engrais sont facilement converties en usines d’explosifs. Une partie du programme d’expansion de production d’engrais des années 1960 consistait en l’achat auprès de Joy Manufacturing Company, Pittsburgh, de 10 millions de $ d’équipements destinés à l’extraction de potasse. Le membre du Congrès Lipscomb s’opposa à l’émission d’une licence pour cette vente. Alors que Lipscomb arguait du fait que la potasse peut être utilisée pour la fabrication d’explosifs, Forrest D. Hockersmith, du Bureau de Contrôle des Exportations du Ministère du Commerce, répondit : « Notre décision d’accorder la licence a été lourdement influencée par le fait que la meilleure description ses engrais à base de potasse est qu’il s’agit de ‘biens pacifiques’ ». Hockersmith n’a, bien entendu, pas nié que la potasse pouvait être utilisée dans la fabrication d’explosifs. p.93

Antony Sutton – Suicide d’État : Aide Militaire à l’Union Soviétique II

La communauté scientifique américaine fait également deux poids deux mesures concernant l’aide à l’Union Soviétique.
La communauté scientifique, ou du moins un large fragment, fait la distinction entre différents types de régimes totalitaires, ayant une préférence pour l’un mais pas pour l’autre. En 1939, un groupe de physiciens américains proéminents, incluant Einstein et Weisskopf, se mit d’accord pour limiter la publication d’informations sur l’énergie atomique et ses applications militaires. Cette autocensure fut amenée par la menace du penchant auto-proclamé d’Hitler pour l’agression et son antisémitisme féroce. C’était une décision éminemment acceptable. En revanche, quand on en vient à l’Union Soviétique, qui souffre de ce même penchant pour l’agression et l’antisémitisme, la communauté scientifique (y compris Weisskopf) se déclare en faveur de la publication d’informations sur l’énergie atomique et pour l’aide technique sur les points essentiels. Pour donner un exemple, l’accélérateur linéaire soviétique Serpokhov n’a été rendu possible que grâce à l’assistance soutenue par Weisskopf, président du Comité Consultatif sur la Physique des Hautes Énergies de la Commission sur l’Énergie Atomique. Il existe un élément d’égoïsme dans ceci, parce que si les Soviétiques ont un accélérateur massif (qu’ils ne peuvent pas construire eux-mêmes), les scientifiques américains ont alors un moyen d’aiguillonner le Congrès pour obtenir la construction de machines encore plus grandes aux USA. Cela n’a pas manqué puisqu’en 1970 le Congrès a voté un budget de 250 millions de $ pour l’unité à 200 GeV de Weston, Illinois. À l’évidence, les scientifiques pousseront maintenant pour plus d’assistance technique aux Soviétiques puis reviendront devant le Congrès et, pointant du doigt « le progrès extraordinaire » des Soviétiques, déclareront que les USA ne doivent pas « se laisser dépasser. » Et ainsi de suite, toujours aux frais du contribuable et de la sécurité nationale. p.38

Les usines conçues et construites en 1929-1932 sous le plan Kahn [Albert Kahn, Inc., Detroit] étaient de taille véritablement gigantesque – bien plus grande que les unités conçues et construites par cette même compagnie dans le reste du monde – et, en plus, avaient des ateliers distincts pour la fabrication d’intrants et de pièces détachées. L’usine d’Elmash dans l’Oural, dans le « tringle d’acier » de Staline, multiplia la capacité de fabrication soviétique d’équipements électriques par un facteur de sept. L’usine Khemz à Kharkov, conçue par General Electric, avait une capacité de fabrication de turbines électriques deux fois et demie plus grande que la principale usine de GE à Shenectady. Magnitogorsk, elle aussi dans le « tringle d’acier, » une réplique de l’usine d’U.S. Steel à Gary, Indiana, était la plus grande usine de fer et d’acier jamais construite. p.43

D’après les documents de Clemenceau, Raymond Robins, un acteur richissime de Wall Street, « fut capable d’envoyer une mission subversive de Russes Bolchéviques en Allemagne pour lancer une révolution là-bas. »
William B. Thomson, directeur de la Banque de la Réserve Fédérale de New York, d’après ses propres déclarations à la presse (Washington Post, 2 février 1918), délivra 1 million de $ afin d’aider les Bolchéviques.  p.47

…les interventions à la foi de Mourmansk et en Sibérie, notées dans les livres d’histoire modernes comme toutes deux des interventions hostiles, furent accomplies par les alliés occidentaux avec la permission express et la coopération des soviétiques. La véritable histoire de la participation américaine dans la révolution bolchévique reste encore à être découverte. p.47-48

En mars 1939, le Département d’État approuva une proposition (déjà approuvée par le Ministère de la Marine) par laquelle l’Electric Boat Company de Groton, Connecticut, fournirait les plans, les spécifications, et l’aide à la construction à l’Union Soviétique pour un sous-marin. p.50

 

Les fournitures américaines à l’Union Soviétique via l’accord Lend Lease 1941-1946

La Catégorie I incluait les avions et équipements pour avions. Un total de 14.018 avions furent envoyés, dont des avions de chasse, des bombardiers légers, des bombardiers moyens, un bombardier lourd, des avions de transport, des hydravions à coque, des avions d’observation, et des avions d’entraînement. De plus, des simulateurs de vol, une quantité considérable de plaques en acier perforées utilisées pour des pistes d’atterrissage improvisées ainsi que de l’équipement de communication furent envoyés.

La Catégorie II comprenait des fournitures militaires de tous types. Quelques 466.968 véhicules furent fournis. Les véhicules de combat comprenaient 1.239 tanks légers, 4.957 tanks moyens, 2.000 canons automoteurs, 1.104 autochenilles blindées [half-tracks], 2.054 Scout Cars blindés. Les 2.293 véhicules militaires de service incluaient 1.534 camions de réparation, 629 transporteurs de tanks. Les camions comprenaient 47.728 jeeps, 24.564 camions de 750 kg, 148.664 camions de 1,5 T, 182.938 camions de 2,5 T, et des quantités plus petites de camions amphibies de 2,5 T, de camions de 5 T, et de camions spécialisés. On envoya également 32.200 motos, 7.570 tracteurs à chenilles avec 3.216 moteurs de tracteurs supplémentaires. Tous les véhicules étaient fournis avec des pièces détachées et des munitions en accord avec les standards de l’armée US.

325.784 tonnes d’explosifs furent envoyées, dont 129.667 tonnes de poudre ne produisant pas de fumée, et 129.138 tonnes de TNT. L’équipement de communication sans fil incluait pas moins de 35.779 stations radio (1 kW et moins) et les équipements connexes, y compris des stations radio plus puissantes, des localisateurs radio, 705 appareils pour déterminer la direction radio, 528 altimètres radio, 800 boussoles radio, 63 relais radio, et de grandes quantités de tubes radio, de composants, d’accessoires, et d’équipement pour les tests et mesures. Des machines de construction d’une valeur supérieure à 10 millions de $ comprenaient 5.599.000 $ d’équipement destiné à la fabrication de routes et d’avions, 2.459.000 $ en équipement à fixer à l’avant de tracteurs, 2.099.000 $ de bétonnières et de machines à poser des pavés, et 365.000 $ d’équipement destiné à la construction de chemins de fer. L’équipement pour chemins de fer incluait 1.900 locomotives à vapeur, 66 locomotives à moteur électrique-diesel, 9.920 wagons plats, 1.000 wagons à déversement latéral [Modalohr], 120 wagons-citernes, et 35 wagons [heavy machinery], pour un total de 13.041 unités. Les autres éléments militaires envoyés comprenaient 15 ponts par câbles, 5 pipelines portables, 62 citernes de stockage portables, 100.000 lampes-torches à piles, et 13 ponts flottants.

La Catégorie III comprenait les équipements de la marine. Les navires non destinés au combat incluaient 90 vaisseaux [dry-cargo], 10 tankers, 9 tankers Wye, 3 brise-glace, 20 remorqueurs, 1 schooner à vapeur, 2.398 bateaux pneumatiques, 1 motor launch [navire militaire], 2 ateliers de réparations flottants.  Les navires de combat envoyés à l’Union Soviétique comprenaient 46 chasseurs de sous-marins de 33 mètres, 57 chasseurs de sous-marins de 20 mètres, 175 torpilleurs, 77 démineurs, 28 frégates, 52 petits bâtiments de débarquement, 8 bâtiments de débarquement de chars, et 6 péniches. La machinerie de propulsion des navires incluait 3.320 moteurs diesels, 4.297 moteurs gasoil, 108 moteurs au gaz de bois, 2.150 moteurs hors-bord, 254.000$ d’hélices pour bateaux et d’arbres mécaniques, 50.000 $ d’instruments de direction, 40 batteries de stockage pour sous-marins, et diverses pièces et équipements (pour une valeur de 2.744.000 $) pour la machinerie de propulsion de navire. Les équipements de marine spécialisés comprenaient 1.047.000 $ d’équipement de plongée et de stations de sauvetage, 109.000 $ d’appareils pour l’embarcadère/débarcadère, une chambre de secours sous-marine, un évaporateur [pour faire de l’eau douce à partir d’eau de mer] évalué à 36.000 $, et divers équipements pour 44.000 $.  Furent envoyés également des équipements de chalutage pour démineurs pour 3.778.000 $, des équipements mécaniques et électriques pour remorqueurs pour 545.000 $, des équipements mécaniques et électriques pour transbordeurs pour 1.717.000 $. Une grande quantité de pièces d’artillerie de marine et de munitions comprenait 1.849 canons Oerlikon et pour 2.692.000 $ de canons pour navires [naval guns]. p.51-52

 

Pourquoi le Département d’État a-t-il passé un accord en 1966 pour permettre à un ingénieur soviétique d’entrer aux USA et d’étudier la fabrication d’accéléromètres seulement quelques mois après qu’un autre Soviétique a été empêché par le FBI d’acheter un accéléromètre? p.56

Les roulements à billes font partie intégrante de tous les systèmes d’armement ; aucun substitut n’est connu. L’intégralité de la capacité de production de roulements à billes de l’Union Soviétique trouve son origine en Occident…Tous les tanks soviétiques et les véhicules militaires fonctionnent à l’aide de roulements à billes fabriqués sur des machines occidentales ou sur des copies de machines occidentales. Tous les missiles soviétiques et les systèmes connexes dont les systèmes de guidage ont des roulements à billes fabriqués sur des machines occidentales ou sur des copies soviétiques de ces machines. p.56-57

Où est le Congrès ? Où est la presse ? On est tellement avancé sur le chemin du suicide d’État que nous fournissons désormais des roulements à billes pour les systèmes de guidage des missiles soviétiques et personne ne prend la peine de s’insurger. p. 62

Antony Sutton – Suicide d’État : Aide Militaire à l’Union Soviétique I

…si les navires effectuant la route de Haiphong [approvisionnement des Nord-Vietnamiens par l’URSS] arborent le pavillon soviétique, la majorité d’entre eux ne sont certainement pas de construction soviétique. De plus, leurs systèmes de propulsion sont originaires de l’extérieur de l’Union Soviétique. p.8

La tendance à tendre la main aux Soviétiques commença en 1918 sous la présidence de Woodrow Wilson, avant que les Bolchéviques n’aient gagné le contrôle physique de plus d’une fraction de la Russie. En conséquence de cet échange, les Bolchéviques furent capables de consolider leur régime totalitaire. p.8

…en juin 1944, W. Averell Harriman, relatant au Département d’État une discussion avec Staline, fit la déclaration suivante :
« Staline reconnut l’aide fournie par les USA à l’industrie soviétique avant et pendant la guerre. Il déclara qu’environ deux tiers de toutes les grandes entreprises industrielles de l’Union Soviétique avaient été construits avec l’aide ou l’assistance technique des USA. »
Staline aurait pu ajouter que le tiers restant des grandes entreprises industrielles et usines militaires de la Russie avait été bâti avec « l’aide ou l’assistance technique » allemande, française, britannique, suédoise, italienne, danoise, finlandaise, tchèque, et japonaise. p. 9

Pendant la 2ème GM les USA accordèrent la première priorité aux Soviétiques pour les approvisionnements. Un tiers des livraisons du Lend Lease à la Russie se composait de  fournitures industrielles destinées à la reconstruction d’après-guerre. Le Lend Lease continua à affluer après la guerre jusqu’à la fin 1946 sous la forme de crédits sur 20 ans à 2,375% – un taux plus intéressant que celui que les GIs revenant chez eux pouvaient obtenir. p.13

…[en 1945] sous le président Roosevelt, les USA et la GB coopérèrent dans l’organisation du retour brutal et forcé de Russes sous le régime tyrannique de Staline. D’après le Wall Street Journal (24 novembre 1972), les USA et la Russie, en 1945, « signèrent une convention spéciale pour le retour forcé vers l’URSS de quatre millions de sujets soviétiques anti-communistes qui avaient fui en Occident. » Cet accord (connu sous le nom d’Opération Keelhaul) était une violation non seulement de l’esprit de liberté traditionnel américain, mais aussi de la Convention de Genève. p.16-17

En 1962, les Russes tentèrent de placer des missiles longue portée à Cuba, précipitant ainsi la Crise des Missiles et amenant les USA et l’URSS au bord du conflit. Ce geste stratégique montre que les Soviétiques n’ont pas abandonné leurs ambitions internationales. Et pourtant, l’année suivante, « l’accord du blé » fut conclu, là encore vanté comme un instrument permettant « d’amollir » les Soviétiques. Cela coûta aux contribuables américains au bas mot 75 millions de $ en subventions. Le don de blé amollit-il les Soviétiques ? L’année suivante, en 1964, ils augmentèrent vigoureusement leur support logistique au Nord Vietnam dans ses efforts pour conquérir le Sud, et attisèrent par là ce qui allait devenir un cauchemar de huit ans. p.17

Les membres [du Comité du Sénat Américain sur le Pouvoir Judiciaire] trouvèrent que dans les 38 ans depuis la naissance de l’Union Soviétique, son gouvernement avait trahi sa parole avec virtuellement chaque pays auquel il avait jamais donné une promesse écrite. p.22

Entre 1958 et 1968, les fournitures d’armes soviétiques furent les suivantes :

Algérie :          200 jets, des tanks et des navires

Égypte :           800 jets, 1.200 tanks, 15 navires de guerre

Irak :                200 jets, 500 tanks, plusieurs navires

Syrie :              250 jets, 500 tanks, plusieurs navires

Dans les pages qui suivent il sera montré que les MiG-15 se servent de copies de moteurs Rolls-Royce et de moteurs allemands, que les tanks soviétiques sont lourdement dérivés de l’aide et la technologie occidentales, et que deux tiers des navires marchands de la Russie et quatre cinquièmes des principaux moteurs diésels de ces navires ont été construits hors de l’URSS. p.25

 

La Guerre du Vietnam (1961-1973) p.26

Tués                 Blessés

1961                11                    2

1962                31                    41

1963                78                    218

1964                147                  522

Puis en 1965 les Soviétiques accélérèrent les approvisionnements au Nord Vietnam, le président Johnson accéléra le flux de technologies aux Soviétiques, et le bilan américain s’envola rapidement :

1965                1.369               3.308

1966                5.008               16.526

1967                9.378               32.371

1968                14.592             46.799

Après la prise de pouvoir par Nixon en 1969, le bilan américain fut le suivant :

1969                9.414               32.940

1970                4.221               15.211

1971                1.380               4.767

1972                300                  587

…La capacité technique de faire les guerres de Corée et du Vietnam trouve son origine dans les deux cas dans la technologie occidentale, principalement américaine, et l’illusion politique du « commerce paisible » a été le vecteur de cette technologie orientée vers la guerre…

Les administrations à la fois de Johnson et de Nixon ont toutes deux choisi irrationnellement et illogiquement d’étendre le commerce – le véhicule de la technologie nécessaire pour alimenter le côté Nord Vietnamien de la guerre – et ont ainsi voté pour la continuation de la guerre. p.28

Il fut trouvé que tous les principaux moteurs diésels et les systèmes de propulsion par turbine à vapeur des 96 navires soviétiques effectuant la route d’approvisionnement de Haiphong qui purent être identifiés (soit 84 sur 96), soit leur conception soit leur construction venait de l’extérieur de l’URSS. On peut par conséquent en conclure que si le Département d’État et le Ministère du Commerce, dans les années 1950 et 1960, avaient fait respecter à la lettre la législation votée par le Congrès en 1949, les Soviétiques n’auraient pas eu la capacité d’approvisionner la Guerre du Vietnam – et plus de 50.000 Américains ainsi que nombre de Vietnamiens seraient encore vivants à ce jour. p.34

En 1966, le Département d’État US produisit une superbe brochure, illustrée de manière extravagante, d’outils américains. Elle fut imprimée en russe, pour distribution en Russie, avec une préface – en russe – par Lyndon Johnson. Une demande de cette brochure auprès du Département d’État est restée sans réponse. Elle n’est pas répertoriée dans les catalogues officiels des publications gouvernementales. Elle n’est pas disponible au ni même connue du grand public. Le nom de l’imprimeur n’apparaît pas au dos. L’éditeur n’est pas connu. [L’auteur  obtenu une copie directement de la Russie.]  […]

Le point de contention ici n’est pas la sagesse de cette publication, mais le fait qu’elle ait été cachée du public. Ce dernier est maintenu dans l’ignorance car il pourrait s’offusquer. En d’autres termes, on ne peut pas faire confiance au grand public pour voir les choses de la même manière que les dirigeants, et ces dirigeants ne désirent pas défendre leur position. C’est de la dictature. p.36-37